Pour les 44 ans de son ami Charles en 1959

Salut illustre enfant d’une illustre cité

Sur le fleuve Icaunia par les romains créée

Salut moi qui t’écris, je viens par la présente

En ce jour solennel glorifier ta naissance.

Le soleil s’est éteint hélas depuis qu’un jour

De notre sol sacré, tu partis sans retour.

Et ce n’ est alors, place du grand marché,

Que figure de deuil et de papier mâché.

Mais la vie est si drôle et si bizarrement faite,

Que jamais des honneurs nous n’atteignons le faîte.

Et comme disait Néron, empereur toujours drôle

Notre roche Tarpéienne est près du Capitole.

Mais depuis ta naissance quarante quatre années

A l’horloge du temps viennent aussi de sonner.

Et c’est pour cette raison et pour pas mal d’autres

Que je t’envoie, indigne, ces quelques patenôtres.

Afin que tu saches qu’en notre vieille cité

Tu trouveras toujours un toit pour t’abriter.

 

Oui je viens en ce jour glorifier l’éternel

D’avoir donné au monde ton illustre cervelle.

Et bénit soit celui qui du haut des nuages,

T’a créé si semblable à sa céleste image.

Il te manque bien sûr des ailes sur le dos

Mais tu fus hirondelle ici sur ta moto.

Et si bien sûr il te manque la bure,

Dans tes cheveux déjà, commence la tonsure.

C’est notre lot hélas pauvres quadragénaires

Je n’ai pas oublié que nous sommes confrères,

Et qu’au fond tout cela n’est que pure amitié

Il vaut mieux n’est-ce pas faire envie que pitié.

Car enfin ce qui compte ce n'est pas nos défauts

C’est que nous sommes vivants et c’est déjà fort beau.

 

Ave nous ne fûmes certes pas des Césars

Ave c’est le salut d’un petit monde à part

Ave c’est par ces mots que finit ma harangue

Esope n’eût pas aimé ces écarts de langue.

Marcel Geffroy

20 Novembre 1915

12 Mars 2002