Pour mes camarades : Ecrit en captivité en Autriche le 1 novembre 1940

 

Les cloches sonnent le glas

Le vent souffle en tempête

Tout semble triste et las

Des morts c‘est la fête

Dans les plaines de France

Tombés comme des parias

Dans d’atroces souffrances

Dorment des petits gars

 

Et la mère gémit

Et l’épouse en délire

De leurs fils et maris

N’ont que le souvenir

Mais ni pleurs sacrés

Ni regrets éternels

A ces corps mutilés

Ne donnerons l’éveil

 

Oh ! tous ces camarades

Tombés pour leur patrie

Si c‘est pour une façade

Qu’ils donnèrent leur vie

Au moins qu’aux âmes vivantes

Point on ne les dérobe

Et que ces loques sanglantes

Soient comme autant d’opprobres

 

Pour que tous les martyrs

Qui pour rien sont tombés

S’échafaude dans l’avenir

La vraie fraternité

 

 

 


Marcel Geffroy

20 Novembre 1915

12 Mars 2002