Salut illustre enfant d’une illustre cité
Sur le fleuve Icaunia par les romains créée
Salut moi qui t’écris, je viens par la présente
En ce jour solennel glorifier ta naissance.
Le soleil s’est éteint hélas depuis qu’un jour
De notre sol sacré, tu partis sans retour.
Et ce n’ est alors, place du grand marché,
Que figure de deuil et de papier mâché.
Mais la vie est si drôle et si bizarrement faite,
Que jamais des honneurs nous n’atteignons le faîte.
Et comme disait Néron, empereur toujours drôle
Notre roche Tarpéienne est près du Capitole.
Mais depuis ta naissance quarante quatre années
A l’horloge du temps viennent aussi de sonner.
Et c’est pour cette raison et pour pas mal d’autres
Que je t’envoie, indigne, ces quelques patenôtres.
Afin que tu saches qu’en notre vieille cité
Tu trouveras toujours un toit pour t’abriter.
Oui je viens en ce jour glorifier l’éternel
D’avoir donné au monde ton illustre cervelle.
Et bénit soit celui qui du haut des nuages,
T’a créé si semblable à sa céleste image.
Il te manque bien sûr des ailes sur le dos
Mais tu fus hirondelle ici sur ta moto.
Et si bien sûr il te manque la bure,
Dans tes cheveux déjà, commence la tonsure.
C’est notre lot hélas pauvres quadragénaires
Je n’ai pas oublié que nous sommes confrères,
Et qu’au fond tout cela n’est que pure amitié
Il vaut mieux n’est-ce pas faire envie que pitié.
Car enfin ce qui compte ce n'est pas nos défauts
C’est que nous sommes vivants et c’est déjà fort beau.
Ave nous ne fûmes certes pas des Césars
Ave c’est le salut d’un petit monde à part
Ave c’est par ces mots que finit ma harangue
Esope n’eût pas aimé ces écarts de langue.