Si je t’apporte à boire ô ! mon auguste frère
Ce n’est pas pour sauver l’honneur de ton père
Je le sais fort capable malgré son âge grand
De le faire tout seul en rouge ou bien en blanc
Mais c’est surtout, vois-tu, hélas pour te prouver,
Qu’entrer dans la trentaine va certes t’éprouver.
Oui je sais, sur la terre presque tout va par trois
Qu’il y eut trois rois mages, du cognac trois étoiles
Que c’est la trinité que prient les femmes en voiles
Et même qu’ainsi tournent les vieux chevaux de bois.
Tout cela c’est très vrai et certes je le sais
Cela n’est pas très grave, en tout cas pas assez
Pour faire peur à un gars d’un mètre quatre-vingt
Né dans un beau pays où mûrit le raisin.
Mais ce qui corse toutes ces viles fadaises
C’est une petite chose qui crée un grand malaise
Un tout petit calcul, une simple opération
Qu’un langage écolier nomme multiplication.
Trente c’est trois dizaines et certes c’est peu dix !
Tandis que trois fois plus oui, font quatre vint dix
Dix de plus que ta taille et cela est très grave
Car vois-tu les années personne ne les lave !
Tous les arrosages n’y pourront certes rien
Mais arrosons quand même après nous verrons bien.