Vous est-il déjà arrivé
D’avoir peur de songer ?
Peur de regarder l’avenir ?
Et de le voir s’obscurcir ?
A cet instant tout est gris,
Et nous semble être flétri.
Nos yeux ne veulent voir
Que tout ce qui est noir.
Il ferait bon pleurer
Pour pouvoir s’épancher
On se croirait un martyr
Créé pour souffrir.
La joie de nos semblables
Nous semble impardonnable
On se demande anxieux
Sont-ils vraiment heureux ?
Serais-je comme cela ?
Non, je ne le crois pas.
Et pourtant c’est ainsi
Dans le cours de la vie
Plus ou moins de misère
Change nos caractères.
Tout peut être joli,
Le soleil ou la pluie,
Le jour ou la nuit,
La rose qui fleurit,
Les feuilles de l’automne,
L’angélus qui sonne,
Tout cela sera beau.
Si dans votre cerveau
Quelque chose d’imprécis
A chassé votre ennui
Il suffira d’un rien
Pour qu’il parte soudain,
Et d’un rien également
Il peut subitement
Revenir s’incruster
Au fond de ma pensée.
Ce rien, c’est beaucoup,
Les hommes sont des fous
Car aucun ne saura
Aucun ne trouvera
Malgré une longue vie
Son existence jolie.
Il trouvera toujours
Dans le cours des jours
Celui-ci malheureux
Et l’autre merveilleux.
Ils savent que c’est vrai
Pourtant chacun le fait
On ne réfléchit pas,
On ne réagit pas,
On constate seulement
C’est le plus effarant.