Le jeune marié naïf

 

 

 

 

 

Trois amis dans une rue parlaient

 

L'un d'eux se mariait le lendemain 

 

Et les deux autres qui l'étaient

 

Devaient lui servir de témoins.

 

« Racontez-moi, dit le futur époux

 

Comment est-ce qu'on passe la journée ?

 

Le mariage a lieu chez nous

 

Je ne veux pas paraître niais.

 

- Oh, c'est facile, dit le premier témoin

 

Le matin tu vas chez ta promise

 

Ni trop tard ni trop matin

 

La mène à la mairie, à l'église,

 

Réponds oui au maire du pays,

 

Oui encore au prêtre qui bénit

 

Dans un geste très émouvant

 

Les deux anneaux en or brillant.

 

Et quand tous ces gestes sont faits

 

Devant Dieu tu es marié.

 

 

 

- Oui, dit l'autre, cela est parfait

 

Mais que faut-il faire après ? 

 

 

 

- Après tu embrasses les parents

 

En commençant par la belle-mère

 

Tu donnes des dragées aux enfants

 

Sans oublier ton vieux grand-père.

 

Surtout lorsque, ta femme au bras,

 

Tu quittes la basilique,

 

Marche doucement au pas

 

Pas plus vite que la musique.

 

Aie l'air d’être émotionné

 

Quand on dira : « Vive les mariés ».

 

 

 

Oui, dit l'autre cela est parfait

 

Mais que faut-il faire après ?

 

 

 

- Après tout le monde se régale

 

En face d'excellents plats

 

Ensuite tu ouvres le bal

 

En dansant une belle polka

 

Et quand la nuit sera venue

 

De t'évader tu tenteras

 

Par la porte qui donne sur la rue

 

Et sans doute tu réussiras.

 

Tenant ta femme bien enlacée

 

Dans la chambre nuptiale vous pénétrerez.

 

 

 

- Oui, dit l'autre ce n'est pas compliqué

 

Mais que faut-il faire après ?

 

 

 

- Après avec des gestes lents

 

Car il ne faut rien brusquer

 

Tu lui ôteras tout doucement

 

La couronne de fleurs d'oranger

 

Tu lui diras des mots très doux

 

En somme tu agiras

 

Comme quand ta maman nounou

 

Te faisait faire tes premiers pas.

 

Quand dans le lit vous serez couchés

 

Tu éteindras l’électricité.

 

 

 

Oui, dit l'autre parfait, parfait

 

Seulement que faut-il faire après ? 

 

 

 

Le troisième qui n'avait rien dit

 

S’approcha tout contre lui

 

Et d'un ton confidentiel

 

Il lui glissa dans l'oreille :

 

« Après du lit vite tu sautes

 

Et te glisses vers moi en souplesse

 

Je t'attendrai devant la porte

 

Et sois tranquille je f’rai l’reste.

 

Marcel Geffroy

20 Novembre 1915

12 Mars 2002