Quand du haut du coteau à travers les nuages
Du clocher je verrai la fière et longue image
Je songerai tout bas qu’au pied de cette tour
Est ta vieille maison et qu’à ses alentours
Entouré de murs bas et de grilles usées
Le cimetière contient beaucoup de mon passé
Et quand je franchirai le seuil de ton porche
Je me dirai ému qu’en ces murs déjà vieux
Un jour s’est éteint comme s’éteint une torche
Celui qui l’égayait de son rire malicieux
Je reverrai ton air si grave et si sévère
Je reverrai tes traits qui passaient pour austères
Et tes grands yeux si bleus ces yeux de la Bretagne
Dont le regard brillait aux récits des campagnes
Nul n’entendra plus ta voix qui criait fort
Nul ne verra plus tes bras dont tout l’effort
Avait remué la terre jusqu’en ses entrailles
Et tes mains si puissantes qui soulevaient le rail
Tout cela est parti un clair matin d’Avril
Quand déjà dans la plaine avait germé le grain
Une grande dame a glissé sur la terre fertile
En rosée du matin