Il y a bien longtemps quand nous étions enfants
Pour ton anniversaire de je ne sais quel an
Dans l’immense jardin qui vit notre jeunesse
Nous avions cueilli des fleurs et des tresses
Et fait une couronne que nous vînmes t’offrir
Minces hommages de gamin mais joli souvenir.
Les bambins ont grandi, sont devenus des hommes
Et parfois ils repensent aux pygmées que nous sommes
Les deuils, les misères sont venus les frapper
Et de plus notre aîné déjà s’est en allé
Des cinq de cette époque qui ne sont plus que quatre
Que reste-t-il hélas de ces enfants rieurs
Qui s’ils pensent parfois comme hier à se battre
C’est avec les ennuis et non avec les fleurs.
Déjà quarante années sont passées depuis lors
Quarante années ou presque car je ferais du tort
A mes sœurs encore jeunes et pleines de vaillance
J’ai toujours eu pour elles une douce tolérance
Mais malgré les années malgré mes cheveux blancs
Je repense à ces jours je pense à ces instants
Et je me dis tout bas que nous étions heureux
Même si nos habits étaient un peu miteux
Nous ne pouvions t’offrir qu’une brassée de fleurs
Mais derrière elles vois-tu il y avait nos cœurs
Si le temps qui s’envole emporte bien des choses
Il garde encore vois-tu fraîche une rose
Une petite âme d’enfant qui un soir d’avril
Ignorance du monde et de ses choses viles
Vint comme font les hommes, mais lui, sans calculer
T’offrir cette couronne de fleurs enlacées.