A ma fille Annick en 1949

Elle dort, elle est calme. Elle est même angélique

C’est qu’elle c’est ma fille, c’est ma petite Annick.

Elle n’a pas lutté car elle est bonne et sage

Et puis elle a deux ans et c’est déjà un âge

 

Où les petites filles s’endorment gentiment

Avez-vous déjà vu un tableau si charmant

Que cette mignonne enfant dont les cheveux dorés

Sont dans un beau désordre posés sur l’oreiller ?

 

Elle dort. Sa narine rose lentement se soulève

Elle sourit. Si jeune est-ce que déjà elle rêve ?

 

Qu’il est beau ce sourire et comme il est confiant.

Qui donc peut sourire comme sourit un enfant ?

Et qui donc dira par quel étrange charme

Un bébé seulement peut sourire dans ses larmes.

 

Sait-elle ce que moi je ne saurai jamais

Tout ce que j’ai rêvé, saura-t-elle l’exprimer ?

Dans ce petit cerveau aux rouges délicats

Le mystère d‘un monde a-t-il éclos déjà ?

 

Qu’ils sont pauvres mes vers.

Qu’elle est triste ma prose

A côté de ce sourire d’enfant

On dirait qu’il explique comme éclosent les roses

Les matins de printemps triomphants.

Marcel Geffroy

20 Novembre 1915

12 Mars 2002