Ce matin à la grande école j’ai conduit mon troisième enfant.
Près de la porte verte, je l’ai laissé confiant.
Et je suis reparti songeur et satisfait,
Espérant qu’il ferait ce que je n’ai pas fait.
Au retour cependant, en longeant la rivière
Je ramassai distrait, un caillou sur la terre
Et sur l’onde miroitante je le laissai tomber,
Etait-ce le hasard ! Ou l’avais-je fait exprès ?
Je ne sais, mais la vie est ainsi faite :
Que les choses les simples parfois sont des symboles !
Et cette pierre qui chut dans l’onde qui reflète,
De toute l’humanité, me résuma le rôle.
Ce premier petit rond doit être mon aïeul,
Le second est plus grand, son fils fait déjà mieux
Le troisième, celui qui vient heurter l’écueil ,
Cela doit être moi : comme il est faible mon dieu !
Il résiste pourtant et je vois plein d’espoir,
Une quatrième onde se dessiner sur l’eau
Elle part, elle part allègre comme un chant dans le soir
Ce quatrième cercle, voyez comme il est beau !
Image du futur, ou image de rêve
La vie pour l’être humain ne connaît pas de trêve .
Sans elle, elle s’élève ou bien elle s’engloutit
La nature jamais ne fait grâce au petit.
Oh! vous mes chers enfants, songeai-je en cheminant,
Peut-être connaîtrez-vous ces lendemains charmants ?
Peut-être est-ce vous cette ombre qui grandit ?
Apportant toutes les joies du cœur et de l’esprit.
La grandeur d’un peuple est dans son instruction :
Pas celle de quelques-uns, pas celle d’une élite.
Non ce qui fera la gloire des nations
C’est d’ouvrir cette porte encore trop petite,
De cette grande école où vous êtes entrés
Cette porte devant laquelle, hélas, je suis resté.